Ndue Beleshi
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KANUN
de LEKE DUKAGJINI !
L’Albanie entre tradition et modernité
HONNEUR,
DIGNITÉ, HOSPITALITÉ, parole donnée,
C’étaient des symboles qui faisaient, selon le Code du Droit
Coutumier de LEKE DUKAGJINI, la différence entre être et ne pas être.
Depuis des siècles, suit à sa position géographique,
l’Albanie était devenue un champ de bataille entre l’Orient et l’Occident. Au
quatorzième siècle, l’empire Ottoman avait soumis les Balkans
et visait à s’étendre vers l’Occident. À cette époque, un stratège de
guerre surnommé Skanderbeg, réussit à unir
les principautés d’Albanie et tint tête
aux turques durant un quart de siècle. Non seulement les Ottomans ne parvinrent
pas à soumettre les albanais mais furent forcés à plusieurs reprises par les
forces de Skanderbeg de quitter les champs de batailles et de rentrer chez eux. Skanderbeg grâce à sa
force et sa stratégie guerrière montra aux albanais qu’en étant unis ils
pouvaient vaincre même la plus grade puissance de l’époque. À ses côtés combattait le prince du Nord Lek
Dukagjini. Cet homme était doté non seulement de force mais aussi d’une
intelligence hors paire qui servira aux principautés albanaises de rester unies
et de combattre sur le même front.
L’empire Ottoman avait divisé les Balkans en unités administratives gouvernées
généralement par des autochtones servant la Porte Sublime. La politique suivie
par le Sultan turc était une politique
d’oppression, de division, plus tard de conversion religieuse plongeant
les pays envahis en ignorance. Face à une telle situation les sages du Nord,
sous la direction du Prince LEK DUKAGJINI, rédigèrent des lois qui allaient
servir de Constitution aux Albanais et leurs permettre de rester unis. Confronté aussi à la menace de
perte d’identité que représentait la
longue occupation ottomane, les Albanais - surtout ceux du Nord, faisant
résistance farouche à l’assimilation –
n’eurent sans doute d’autre alternative que de rédiger leurs propres lois et de
construire un pays mythique entouré d’envahisseurs.
Ces lois furent connues sous le nom de KANUN. Le Kanun était
divisé en 12 sections ; l’Eglise, la Famille, le Mariage, (La Maison, les
bétails et la Propriété), le Travail, les Transfers de propriété, le Discours
oral, l’Honneur, les Dommages, le Droit pénal, le Droit judiciaire, les Exemptions et Exceptions.
Ce
droit Coutumier (Kanun) était devenu sacré à l’égal des dix commandements de
Dieu.
Mais !
C’était quoi au juste ce KANUN ? Pourquoi ces gens sont liés à ce point-là
à ce droit Coutumier ? Pour mieux comprendre, il faut un aperçu rapide de
ce droit Coutumier.
SECTION I. L’Église (Kisha)
Selon ce code de droit Coutumier (le Kanun) l’Eglise jouissait
d’une protection particulière. Elle n’était que sous les ordres des hommes de
Dieu. Elle était exclue de toute obligation envers le Kanun. Si un serviteur
d’Eglise commettait un crime, il ne devait en rendre compte qu’à l’Elglise et à
la paroisse. L’homme de l’Eglise ne pouvait
pas être convoqué pour servir dans l’armée, ni pour d’autres contraintes, ni
par les sages des régions, ni par les princes. L’Eglise jouissait du droit de
propriété, de vente et d’achat et toute autre chose offerte par les gens. Les
Biens mobiliers et immobiliers de l’Eglise étaient intouchables. Si quelqu’un
causait des dommages à l’Eglise ou tuait un de ses hommes il devait en rendre
compte à son village et à son Bajrak (Bannière). Et, le compte rendu était
toujours plus lourd que le mal causé.
Le Cercle du pouvoir de l'église ; L'honneur de l'Église (« L'église n’a ni épée ni corde» ; « Ceux qui
ont offensé l'église ont offensé la paroisse ») ; Les tombes (Qui outrage ou menace quelqu’un, qui frappe ou
tue entre les tombes, qui porte atteinte à l'ombre de l'église ou la viole sera
puni par la Paroisse) ; Possession de l'église et de marchandises (les biens de l'église sont
inviolables et personne ne doit les violer ; qui ose
toucher les biens de l'église, c’est à la Paroisse de le ramener à la raison, de la punir) ; Le prêtre (qui outrage le prêtre, le menace, le
frappe ou le tue sera puni selon l’acte commis – par la Paroisse, la famille du
prêtre, le village ou la Bannière) ; Le serviteur de l'église (qui menace, frappe le serviteur de l’Eglise
doit rendre compte selon ses actes à la Paroisse ; qui tue le serviteur de
l’Eglise sera puni par la famille de la victime. Si le serviteur est d’un autre
village il sera vengé par le Village de la Paroisse ou par la
Bannière) ; La détermination de
la peine (qui viole l’Eglise, sera puni selon la gravité de ses
actes ; payer une amende à l’église en argent ou en nature; sanctionner
en l’interdisant de semer sa terre ou en lui coupant ses arbres
fruitiers ; incendier sa maison ; le bannissement de l’auteur et de
sa famille ; la peine de mort) ; L’imposition
de la peine (la peine s’impose sans distinction de hiérarchie, faisant en
sorte que le plus fort ne puisse pas imposer ses lois et le plus faible voir piétiner ses droits)
SECTION II. La famille (Familja)
La
Famille était sacrée. La famille en tant que telle (Le concept de la famille. La famille est une communauté
de membres vivant sous le même toit ; elle se multiple par le mariage, et devient une
fraternité ; les fraternités deviennent des tribus ; les tribus deviennent des
communautés ou un pays descendant du même sang, parlant la même langue, ayant
les mêmes coutumes) ; Droits et devoirs du Seigneur de la maison (il est le gouverneur de la maison ; il
fait la loi et impose son autorité ; il a le droit de vendre ou d’échanger
de la terre – des prairies, des pâturages, des forêts ; de donner ou de
prendre des dettes ; d’organiser le
bon fonctionnement de ses sujets et de veiller sur la prospérité de la famille ; de
sanctionner ses membres au cas où besoin est) ; Droits et obligations de
la maitresse de la maison (prendre soin des objets qui contient la
maison ; emprunter farine, sel, fromage, pain et beurre etc. ; organiser les femmes de la maison pour ce qui
est de l’accomplissement des taches appartenant aux femmes ; préparer à
manger ; veiller à ce que tout ce qui a rapport à la nourriture soit bien
administré ; veiller à ce que toute femme ou enfant ait ce qu’il
mérite) ; Droits et obligations
des membres de la famille (Le
droit de destituer de ses fonctions le
Seigneur de la maison au cas où il agit au détriment de sa famille ; de destituer la maitresse de la maison si
elle vole, si elle vend en cachette quelque chose sans permission du seigneur
de la maison ou si elle traite favorablement ses enfants ; de demander la
permission du seigneur de la maison pour toute action concernant l’aide à
donner à la société, le porter garant pour l’autrui ; d’obéir aux ordres
du seigneur de la maison) ; Le statut des membres de la famille (le
statut des hommes et du père ; le statut des femmes et de la mère ;
le droits des premiers-nés) ; La famille et ses droits dans le cadre du
village et de la bannière (tribu) (le
droit de la voix dans le Conseil du village ; le droit de bénéficier de tout ce
que le Kanun connait comme droit aux autres villageois) ; La responsabilité familiale dans le cadre du village (le seigneur
de la maison doit rendre compte lui-même, devant le village, de tout dommage cause par les membres de sa
famille ; il doit participer en personne à toutes réunions de
village ; il doit offrir des services, accomplis par quelqu’un de sa
famille aux autres familles du village, à tour de rôle chaque fois qu’il est
nécessaire) ; La responsabilité familiale dans le cadre de la bannière (le seigneur de la maison participera
à toute réunion de Bannière ; il offrira un soldat si la bannière en a
besoin) ;
SECTION III. Mariage (Martesa)
Concept et types de mariage (Se marier selon le Kanun, signifiait
fonder une petite famille contribuant à faire naître une nouvelle génération et
augmenter la force active à travailler) ; les types de mariages (mariage approuvé par la foi et le
Kanun ; mariage allant à l’encontre de la foi et du Kanun) ; Les droits et les obligations en matière de
mariage.
Le droit du jeune homme (Le jeune
homme, sans père ni mère, a le droit de faire lui-même des démarches pour
trouver la femme de sa vie ; Le jeune homme, du vivant de ses parents, n’a
pas le droit de penser à qui pourrait être sa future femme, ni de désigner un
entremetteur ni de se mêler de ses fiançailles ; Le droit de la jeune fille (Même si la jeune fille n'a aucun
parent) n’a pas le droit de décider de son mariage. C’est à ses cousins
et ses proches d’en décider ; la jeune fille à marier n’a pas le droit de
décider de son destin conjugal et doit épouser l’homme choisi par sa
famille ; elle n’a pas le droit de se mêler de ses fiançailles ni à
d’autre choses concernant le mariage) ;
Le devoir du mari envers sa femme (l’homme doit
veiller à ce que sa femme ait de quoi se vêtir et se chausser ; il doit
lui assurer les moyens de subsistance, les moyens de garder son honneur pour
qu’elle n’ait pas de motifs à se plaindre. L’homme qui constate que sa femme le
trompe, vole ou s’occupe des qu’en
dira-t-on peut la quitter en se rendant dans la famille de sa femme avec sa
femme et leur expliquer la raison de cette décision. Si l’homme quitte sa femme
pour un autre motif que ceux-là, il doit un sang à la famille de sa femme) ;
Le devoir de la femme envers son mari (la femme ne doit pas violer la
fidélité conjugale ; elle doit se soumettre à la volonté et aux ordres de
son mari ; veiller à ses enfants pour qu’ils grandissent honnêtes et aient
une bonne éducation ; veiller à ce que son mari ait de quoi se vêtir et se chausser ;
la femme ne doit pas se mêler des affaires de fiançailles ou de mariages concernant
ses enfants. La femme ne doit pas commettre d’infidélité, ne doit pas voler, ne
doit pas s’occuper des qu’on dira-t-en.) ;
Le droit de l'homme veuf, ou de la veuve (la veuve a le droit de
parler et de décider pour ce qui est de son destin matrimonial et de désigner
la personne entremetteuse ; Une veuve, qui a des enfants et qui veut demeurer dans la maison de son
époux avec ses enfants doit être cautionnée par deux garants locaux du village
où elle est devenue veuve qui assure qu'elle n'a eu aucune relation avec eux et
qu'elle n'a pas déshonoré le nom des parents de son défunt mari et deux autres
garants, qui doivent être les parents ou les cousins paternels de la femme, qui
assurent qu'elle ne se séparera pas de ses enfants et ne demandera pas à s'en
séparer et à se remarier ; les hommes de la fratrie (vllazni) ou du
clan (fis) du mari défunt ne doivent pas troubler une femme, devenue
veuve, qui est sans enfants, et qui, de son propre chef, demande à ses parents
de la laisser vivre dans la maison de son mari ; vu que la veuve n'a droit
ni aux biens ni à un héritage, le titre de la maison est transmis à l'aîné des
frères de son défunt mari, ; l’homme veuf, même s’il n’a pas de parent, selon
les tradition doit trouver un entremetteur de mariage) ; La médiation, l'entremetteur –
intermédiaire (l’entremetteur s’engage à dire du bien de l’homme à marier
et de sa famille ; il doit être fidèle aux dires des deux parties et les
transmettre tels qu’ils les disent ; il a le droit de se mêler jusqu’au jour du mariage) ;
L'engagement (ce seigneur de la
maison doit veiller à ce que la jeune fille n’ait pas de liens de sang avec le
jeune homme ; qu’elle ne soit pas de la tribu du jeune à marier ;
qu’elle ne soit pas nièce de sa tribu; qu’elle ne soit pas femme divorcée ;
qu’elle n’ait pas de liens de parrainage avec sa famille) ; Le
caractère de l’engagement (une jeune fille ne peut devenir la femme de
quelqu’un que si la médiation est faite par un entremetteur ; la fille
fuyant les siens, pour aller se marier, sans la bénédiction de ses parents n’a pas le droit de mettre une robe de
mariée, car cela est considéré comme mariage à l’encontre des traditions et du
Kanun) ; Le droit de l’homme à quitter sa fiancée (le jeune homme,
pour des raisons différentes, a le droit
de revenir sur sa décision et de quitter sa fiancée ; il doit le faire
savoir à la famille de sa fiancée par l’intermédiaire de l’entremetteur et deux
hommes de son village) : Le droit nié de la fille à quitter son fiancé (la
fille fiancé n’a plus le droit de quitter l’homme choisi pour sa vie ; si
la fille renonce à son fiancé de son propre chef elle sera contrainte de force
d’aller se marier ; le marié a le droit de tuer sa femme, avec la
cartouche des fiançailles, s’il voit qu’elle veut le quitter; si la fille
quitte son fiancé avec l’entente de ses parents elle n’a plus le droit de se
marier ; elle peut se marier avec une autre personne que si son ex-fiancé
donne son accord ; même si son ex-fiancé se marie, la fille qui a quitté
son ex-fiancé n’a plus le droit de se marier) ; La femme sans mariage (la
femme qui épouse quelqu’un sans la permission de sa famille sera bannie pour
toujours par sa famille)
SECTION IV. La Maison, le bétail et la Propriété (Shpi, gja e prone)
La maison est inviolable (Personne
ne peut pénétrer dans la maison de l’autre sans que le seigneur de la maison ou
un autre membre réponde à la demande d’entrer. Si personne ne répond à l’appel
d’entrer il faut attendre ou repartir ; le fait de pousser la porte
d’entrée, même si on n’entre pas à la maison, est une violation et entraîne des
lourdes conséquences ; le fait d’entrer dans la bergerie, dans les ruchers,
dans le dépôt de laiterie, dans le dépôt des céréales sans permission
constitue violation et atteinte à l’honneur) ; Le berger, ses droits et obligations (si le berger, avec le
troupeau, cause des dommages dans la
propriété de quelqu’un c’est le propriétaire du troupeau qui paye le
dédommagement et pas le berger ; si des bétails se perdent dans la nature,
deviennent proie d’animaux sauvages, se cassent le cou, le berger doit mettre
au courant le propriétaire du troupeau lui en apporter des preuves) ; Le petit et le gros bétail (les bovins donnés à moitié ; le bœuf de
charrue ; le bétail donné à moitié) ; Le partage des Biens (Le partage des biens selon le
Kanun comprend : la maison, les chantiers de construction et les haies ; la terre, les champs, les pâturage et les forêts, la rivière et l'ordre de l'eau
etc.; tous les biens mobiliers et
immobiliers seront partagés entre frères à part égale.
SECTION V. Le travail (Puna) (le travail, l’ouverture de nouvelles parcelles labourables pousse les
Chemins battants, la route principale ou les sentiers de passages de piétons
vers une autre trajectoire mais ne peut pas les fermer aux passants ; le
travail de l’ouvrier sera récompensé selon l’importance qu’elle
représente ; le prix pour le travail fait ; le travail du laboureur
et les moyens à labourer, semer, biner, irriguer la terre) ; le travail du forgeron (le forgeron
forge pour tout le village selon l’ordre décidé sans distinction d’âge ou de
prestige) ; le travail du meunier
(le meunier moud les graines de tout le village. Il doit respecter la file
d’attente et ne doit pas différencier les gens ni pour ce qui est du temps d’attente,
ni de la qualité de moulage) : le bief (le
cours d’eau pour le moulin ne peut être ni modifié ni entravé Canal qui conduit l'eau d'une rivière ou d'un ruisseau sur une
roue hydraulique pour la faire tourner- ; le
cours d’eau (le cours d’eau pour les champs ne peut être ni modifié ni entravé. Le cours d'eau doit suivre normalement son cours selon les
ententes conclues entre les familles du village et personne n’a pas le droit de
les modifier ; Les cours d'eau pour les champs ne peuvent être ni modifiés
ni être entravés ; L’eau
d’irrigation est un bien de tous (« le Bien commun va au-delà du bien-être
de l'individu. » « L'eau du village est un bien de tous et personne n’a le droit de
modifier l’ordre des jours à irriguer, appartenant à chacun) ; la chasse (les chasseurs qui chassent
ensemble doivent diviser proportionnellement le gibier chassé).
SECTION VI. Commerce, Prêts et Donation (Të dhanuat)
Les transferts de propriété (le commerce avec la terre ;
le commerce avec le petit et le gros bétail ; la terre achetée avec et
sans conditions ; la terre louée et les droits du locataire) ; Le commerce des armes et des chevaux (chaque
famille a le droit de vendre ou acheter des armes, de vendre ou acheter des
chevaux ; l’acheteur et le vendeur décident pour ce qui est du prix selon
les principes du Kanun) ; Les prix
selon le Kanun (le Kanun prévoit des prix fixes pour toute chose ;
bien mobilier et immobilier ; les prix
doivent être respectés de tous) ; Le prêt (le prêt est donné à qqn qui garantit que l’argent emprunté
sera rendu, le jour fixé. Pour assurer cela le préteur demande à ce que
quelqu’un des proches de l’emprunteur se porte garant. Le prêteur peut demander
à la personne qui se porte garante un dépôt en argent ou en nature ; Si
l’emprunteur ne rend pas l’argent au prêteur, le jour fixé c’est à la personne
portée garante de trouver l’argent ou de perdre le gage) ; taux d’intérêt et le dépôt (le prêteur prête l’argent sans
intérêt. Le prêt peut être donné de bonne foi, avec la garantie ou le dépôt ;
si l’emprunteur ne rend pas l’argent emprunté le jour fixé, le prêteur a le
droit de confisquer l’argent ou les
biens déposé comme dépôt de garantie) ; Le délai (le délai de retour d’un prêt se fixe le jour du
prêt ; l’emprunteur doit respecter le délai sinon le gage qui a une valeur
égale ou supérieure à la dette peut être
confisqué par le prêteur) ;
SECTION VII. Le Bouche à l’oreille. Le Discours oral (Fjala e gojës)
Le mot (le mot dit ne sème pas la mort ; la
langue est de chair et jase à tort et à travers ; ce que quelqu’un peut
dire en plaisantant peut être interprété différemment d’un autre qui en fait
usage pour ruiner un tiers ; même si les dires de quelqu’un peuvent semer
la mort, il ne doit rien à personne pour ce qu’il a dit ; celui qui dit du
mal des autres ou des qu’en dira-t-on sera
pour toujours exclu de confiance ; les dires des médisants ou des
cancaniers le Kanun ne les prend jamais en Considération) ; La négation
(nieur est considéré celui qui nie une réalité évidente ou présumée ;
selon le Kanun, les menaces et les intimidations ne sont pas des solutions pour
faire en sorte que quelqu’un entende raison ; le nieur doit se soumettre à
d’autre solutions qui le mettent devant une responsabilité inévitable au cas où
il est coupable ou complice) ; Le serment (le serment est une
mesure pour établir la crédibilité concernant un problème non élucidé ; le
serment peut effacer le sang versé ; le serment met sur la bonne voie la
chose perdue et le sang versé ; le serment sert à inculper ou à se dégager
des accusations ; pour se dégager d’une accusation le serment doit être
accompagné de mots de caractères religieux en déposant souvent la main ou en
touchant quelque chose de sacré ; l’appel de Dieu comme témoin pour
assister à la vérité et la punition éternelle tombant sur sa famille s’il ne
dit pas la vérité, sont deux choses qui dominent
l’esprit lors du serment) ; Le serment sur la pierre sacrée et sur la Croix ou sur l’évangile (le serment sur la pierre, sur la Croix ou
l’évangile, selon le Kanun est l’un des serments les plus pesants que
l’Albanais du Nord fait ; le serment sur la pierre ou sur la croix se fait
afin de se libérer d’une accusation visant directement ou indirectement) ;
Qui fait le serment ?(le serment peut être fait par celui qui nie
ce dont on l’accuse ; le Kanun dit que le serment ne sera pas fait par
celui qui se plaint parce que celui qui est toujours prêt à se dégager de
quelque chose sera aussi prêt à faire le serment, à condition qu’il en tire du
profit ; lorsqu’on doit se dégager d’une accusation, le serment à faire
appartient à celui qui est accusé, mais il doit être accompagné d’autres
personnes qui font le même serment servant la cause de l’accusé).
SECTION VIII. L’Honneur (Ndera)
La perte de
l’honneur vaut celle d’une vie et celui qui ne se venge pas d’un sang subit des
humiliations lui rendant une existence
dépourvue de toute valeur.
Honneur
et dignité ne doivent pas être piétinés (Ce n'est que lorsque l'hospitalité et l'honneur de
quelqu’un ou de sa famille sont atteintes que le meurtre devient envisageable ;
Si une vendetta est déclenchée ce n’est pas nécessaire que le sang soit versé. Le
viol d’une femme, une liaison amoureuse cachée aux parents de la fille, un divorce
non motivé par l'infidélité, l’infidélité d'une femme, l’emprisonnement ou la
condamnation injuste d'une personne, tentative non réussie de prise d’otage ou prise
d'otage de quelqu’un, le vol avec menace ou suivi d'un décès etc pourraient
déclencher la Vendetta ; Si un homme est profondément outragé, sa famille
a le droit de tuer la personne qui l'a insulté. Toutefois, ce faisant, la
famille devient la cible de la vengeance de la famille de la victime. Le parent
de sexe masculin le plus proche de la victime est obligé d'exécuter celui qui a
tué cette dernière ; Si une personne est déshonorée, il lui incombe de
prendre des mesures pour rétablir son honneur ; la perte d’une vie ne peut être
rachetée que par une autre vie ; Si un
tiers offense un invité, le tiers est alors « en conflit de vendetta »
avec l'hôte et son invité. Et si tel est le cas le conflit engage trois parties ; Peu
importe l'origine d'une vendetta — qu'il s'agisse de meurtre, de viol ou d'affronts
fait à des femmes ou de différends relatifs à la délimitation de propriétés —
elle se déroule presque inévitablement d'une manière publique ; Si un
jeune homme tue quelqu'un, créant ainsi une dette de sang envers la famille de
la personne décédée, ses oncles paternels seront entraînés dans le conflit,
mais pas ses oncles maternels. Selon la tradition, le sang d'une femme ne peut
avoir d'honneur et on fait la différence entre le côté paternel et le côté
maternel de la famille, qualifiant le côté paternel « d'arbre du
sang » et le côté maternel « d'arbre du lait » ; La maison de l’Albanais est la
demeure de Dieu et de l’hôte. Avant d’être la maison de son maître, elle est
celle de l’hôte) ; L’honneur bafoué (La perte de l’honneur
est assimilée à la perte de la vie et celui qui ne se venge
pas subit des humiliations destinées à lui rendre l’existence
impossible. Il ne peut prendre la parole en public, on ne lui tend
que la main gauche, on lui passe le verre ou la cuillère par-dessous la
jambe ; Ceux qui méconnaissent ces lois se
contentent de porter une idée sur la vengeance, sans tenir compte de l'aspect
social et d'équité dont fait preuve le Kanun. La définition de l'honneur, en Albanie,
est très large et englobe des éléments que les non-Albanais ne considéreraient pas toujours « graves ». Selon le
Code Coutumier de Lekë Dukagjini, l'hospitalité est une question d'honneur. Si
un tiers offense un invité, le tiers est alors « en conflit de
vendetta » avec l'hôte et son invité; ainsi, le conflit engage trois
parties. L’honneur d’un homme est lié à celui de sa mère, de sa femme, de ses sœurs,
de ses filles, de ses frères de son père de ses oncles, de son Clan. C’est ça
l’honneur !
SECTION
IX. Les
Dommages (Damet)
Les
dommages peuvent être de nature différente.
Dommages matériels (atteinte aux biens de quelqu’un. Le vol des
bétails, des produits agricoles avec menace portant atteinte à l’honneur
de quelqu’un; la destruction, la détérioration, le vol ou la perte de quelque
chose) ; Dommages corporels (atteinte à l’intégrité physique d’une
personne qualifiée aussi atteinte à l’honneur de la personne ; Selon la
tradition albanaise les préjudice corporels, morals ou matériels ternissent non
seulement l’honneur ou la réputation de la victime mais aussi ceux de sa
famille et de son Clan ; préjudice physiologique ou fonctionnel - amputation
d'un membre, etc. ; Impossibilité d'exécuter certaines activités, causant
de privation totale ou partielle, temporaire ou définitive des joies de l'existence ;
préjudice d'esthétique consistant dans la persistance d'une disgrâce pour toute
la vie de la victime (cicatrices, enlaidissement, déformation etc.); Dommages
moraux (atteinte à
l'honneur ; à la réputation et au crédit de quelqu’un ; douleur
morale ; souffrances physiques et morales causées par un préjudice
corporel ; préjudice liés à la souffrance morale causée par des insultes,
par un viol etc. ; atteinte à l’honneur de l’Hôte était aussi atteinte à l’honneur
de la maison et du Clan le recevant - qui recevait ou invitait l’Hôte ;
les dommages tels que la violation d’une femme, le désarmement d’une homme
armé, l’insulte ou les menaces à l’égard
de l’Hôte constituaient une atteinte grave à l’honneur qui ne s’effaçait que
par une vengeance de sang).
SECTION X. Le Droit pénal (Kanuni kundra mbrapshtivet)
A défaut d'avoir un système juridique, il fallait
une organisation qui permettrait aux
albanais de vivre unis, de pouvoir s’organiser pour faire face à un ennemi
commun, d’entendre raison, d’être
écoutés, de garder l’honneur, la dignité et de se sentir égaux devant ces lois.
Ce
code d’honneur et ces droits coutumiers (honneur, fidélité,
loyauté, hospitalité, parole donnée, foi
jurée constituent la personnalité, la dignité et les vertus de
l’homme ; reprise du sang, foi
jurée, fraternité, être puni pour le préjudice causé, même le plus fort se voit
contraint à se soumettre à ce Code, le faible a aussi le droit de dire ses mots
et d’être écouté, personne ne peut être au-dessus de ces lois, c’étaient cela
de quoi tout le monde savait parler) dictés par le Kanun, transmis oralement,
d’une génération à l’autre, bien gravé dans l’âme et l’esprit des albanais en
général et bien particulièrement dans ceux du Nord, constituèrent pour eux une sorte de Bible Sacrée. « Il
dépend de toi de garder ta dignité d’homme ou de la perdre » Le déshonneur
ne s’efface souvent que par la prise de vie du déshonorant (de la personne qui
déshonore). La dignité perdue du sang versé ne se remet en place que par le
sang repris. Le sang s’efface par le sang. Le sang versé s'efface par le sang
repris ; La Vendetta (gjakmarrja) (selon le Code Coutumier de Leke Dukagjini parricide et
matricide, fratricide et infanticide ne peuvent pas être vengés, une telle
vengeance serait la négation même de la famille, de soi-même. La mort survient
pour avoir tué quelqu’un, pour avoir porté atteinte à l’honneur d’une personne,
pour avoir trahi l’Hôte, pour la foi reniée etc. ; un meurtre doit être
vengé par la mort d'un homme de la famille du coupable. La famille de la
victime ne vise pas seulement le meurtrier mais aussi le plus noble de sa famille.
En tuant la meilleure personne de la famille du meurtrier celle de la victime
se sent plus fière. Ce code interdit
formellement la vengeance contre les enfants de moins de 15 ans, les femmes, les
personnes très âgées, les malades mentaux, ou les personnes se trouvant dans le
voisinage d'un lieu sacré, d’une église etc.) ; Le Meurtre commis intentionnellement ou
accidentellement (la reprise du sang devenait inévitable lorsque un meurtre
était commis ou l’honneur de qqn était atteint ; l’auteur du meurtre
commis intentionnellement devait faire savoir à la famille de la victime et au
public que c’était bien lui le meurtrier. Il devait mettre le corps de la victime le visage vers le
Ciel. Le meurtrier ne devait par défigurer la victime sinon il devait payer un
sang pour deux ; celui qui commettait un meurtre accidentellement devait
lui aussi se cacher jusqu’à ce que les sangs soient calmés. Entre-temps, il
devait clarifier les circonstances du meurtre commis involontairement, en
apportant des preuves ou par l’intermédiaire de témoins. En général le meurtre
commis involontairement se lavait par des endommagements correspondant au prix
du sang et le prix dû aux garants du sang) ; La violation de la femme (si une femme était violée, le violeur
était poursuivi et condamné à mort ; Si la femme avait eu des relations
amoureuses consenties extraconjugales, elle et son amant devraient payer cet
acte de leur vie ; si une fille fiancée avait un amant et que la famille
du futur mari le découvrait c’était à la famille du dernier de venger un
sang ; l’honneur de la femme était partie de celui du mari) ; La
vengeance (lorsque quelqu’un commettait un vol, se bagarrer ou
s’insultait avec une autre personne d’un autre clan etc. l’auteur devait
endommager la personne lésée. Dans ces cas la vengeance n’était pas
envisageable) ; Ce
code Coutumier ne vise ni a généraliser, ni à inciter la vengeance ou la
reprise du Sang. Le Kanun ne vise pas à généraliser la vendetta (la
reprise du sang). Il vise à faire comprendre aux Albanais que ce
Code et ce Droit Coutumier est leur Dieu sur Terre. Que personne ne peut les
piétiner. Que si quelqu’un tue il sera tué. Que même si le faible n’est pas en
mesure de faire justice lui–même, ce sera le village ou la bannière qui le fera
à sa place. Que le mal causé à l’autrui ne restera pas impuni ; Réconciliation (ce n’est que
lorsqu’aucune autre solution ne peut être trouvée que la vendetta « la
reprise de sang » devient inévitable. Le
meurtrier doit assister à l’enterrement de la victime. La famille de la victime
planifie la vengeance et se met en action. Le meurtrier peut solliciter une
Bessa (trêve) d’un jour. Il peut par la suite solliciter l’intervention des
émissaires de réconciliation pour obtenir une BESSA d’un mois afin de trouver
une solution pour éviter la vengeance de la famille de la victime. Les
émissaires de sang, choisis par la famille et les proches du meurtrier, tâchent
de réconcilier la famille du meurtrier avec celle du mort. Les garants du sang
choisis par la famille de la victime en cas d’accord pour une réconciliation
fixent un délai pour le versement du prix du sang versé. Ils remettront
l’argent du sang au maître du sang dans la maison de la victime. En suite, dans
la maison de l’assassin on dresse les tables du repas du sang auquel
participent les acteurs de la réconciliation ainsi que les proches et les amis
du maître du Sang. Après le repas, le maître du sang fait un Croix sur la porte
de la maison du meurtrier symbolisant le sang réconcilié. Puis, on échange le
sang dans la maison du mort. Une proche pique avec une aiguille les petits
doigts des deux participants et fait tomber des gouttes de sangs dans deux
petits verres remplis à moitié d’eau ou d’eau-de-vie. Ils croisent les mains,
échangeant les verres, et boivent le sang l’un de l’autre et deviennent des
frères.
SECTION XI. La Procédure judiciaire (Kanuni i pleqnis)
Les blessures et les morts causées accidentellement peuvent être dédommagées financièrement selon leur gravité.
Quand la mort survient intentionnellement pour un motif ou un autre la reprise
du sang devient inévitable. La reprise du sang,
qui oblige une famille à se venger d'un crime en tuant un homme de la famille
de l'assassin, incite à une perpétuation de vengeance de sang, entrainant la
mort de plusieurs personnes, décimant parfois des familles entières. Néanmoins
ce Code Coutumier prévoit des punissions à l’égard de ceux qui tuent à tort. Si
quelqu’un tue sans motif et sans que son honneur soit atteint, il n’appartient
pas uniquement à la famille de la victime de se venger mais à tout le village.
Dans un cas pareil non seulement le meurtre sera vengé mais le meurtrier sera
banni, expulsé du village et sa maison brûlée. De telles mesures sont prévues
dans ce Code Coutumier pour ne pas permettre aux malintentionnés de commettre
des crimes honteux et de piétiner les faibles. Pour veiller à ce que ce code
Coutumier soit respecté, chaque village avait un conseil de sages ; Les jugements (ce Code Coutumier ne
connaissait pas les Tribunaux mais les conseils des sages. Ces conseils de
sages étaient constitués des sages des fraternités, des clans. Sans leur
participation il n’y avait pas de
décision. Les sages étaient de toutes couches de société sans distinction de
niveau social, de descendance ou de religion. Ils étaient à la fois
représentant et juges du peuple pour interpréter les actes et prendre des
décisions sages selon les principes de ce Droit Coutumier ; Les peines principales infligées
étaient la condamnation à mort de l’inculpé, le bannissement de l’auteur et de
sa famille du village ou de la Bannière, incendier la maison du meurtrier et la
lui détruire de fond en comble ; destructions des biens agricoles et la
coupe de arbres fruitiers ; l’appropriation d’une partie du troupeaux du
meurtrier ; amende en argent liquide ; le brûlement vivante d’une
femme ou d’une fille commettant des adultères) ; Les Conseils des sages et les Instances du jugement (le droit
Coutumier Albanais) connaissaient deux instances de jugement. Le Conseil des
sages. Les conseils des sages étaient souvent constitués des sages d’un Clan
pour des affaires appartenant au même Clan et des sages des clans d’une village
ou région pour des affaires bien plus importantes appartenant à des Clans
différents. Les sages étaient en général des chefs de Clans ou des aînés. Lorsqu’il
s’agissait d’affaires délicates où étaient mêlé des Clans différents
appartenant à des villages différents c’était le Conseil des Sages des Villages
appartenant ou de la Bannière qui les traitait. Si une affaire concernait tout
un village, ou un clan, un seul sage n’avait pas le droit de s’en occuper ;
Pour des affaires très importantes où était en jeux un village entier, une
Bannière ou pays, c’était les Sages des Sages réunis en assemblée qui
traitaient les affaires ; Les hommes
réunis dans une Assemblée étaient assis en demi-cercle de sorte que chaque
personne puisse voir tout le monde, et que, si quelqu'un est appelé à parler,
sa voie soit libre à se déplacer parmi les chefs et les aînés ; pour aussi
longtemps que les hommes de la terre connue sont à l'assemblée, un étranger n'a
pas le droit de s'associer avec eux ; Les chefs et les aînés siègent à
l'Assemblée en fonction du grade et l'ancienneté ; Lors d'une Assemblée,
quand une personne parle, les autres doivent écouter et se taire ; Le Langage
blessant ou vulgaire n'est pas autorisé lors d'une Assemblée ; Le Kanun interdit à quiconque l’insulte à l'Assemblée, si on insulte une
autre personne une amende allant jusqu'à 5 moutons lui est imposée ; Si
quelqu'un traite une autre personne de menteur lors d'une Assemblée, une amende
allant jusqu'à 500 Grosh lui est imposée ; Les sages dans l’Assemblée
discutaient et prenaient souvent des décisions concernant le destin de la
Bannière et du pays. C’était ce droit Coutumier qui réunissait le Nord et que
sa voix, par l’intermédiaire de l’Assemblée, était respectée et écoutée de tous.
SECTION XII. Les Exemptions et exceptions (Shlirime e perjashtime)
Le Droit Coutumier fait des
exemptions et des exceptions de la règle.
L’Eglise (L’Eglise ne peut
pas être punie ni sanctionnée ; elle n’a d’obligations ni envers le village ni envers
la Bannière ; l’Eglise a sa part dans chaque dédommagement imposé à
quelqu’un ayant commis un acte punissable ; Le prêtre (il ne sera jamais convoqué pour achever un service
militaire ; si le Village ou la Bannière sollicite le serment juré du
prêtre, il vaut celui de 24 choisis du peuple ; si le Prêtre tue quelqu’un,
il ne sera pas poursuivi pour le meurtre par la famille de la Victime. La
famille du Prêtre sera cible de reprise de
Sang à sa place ; si la famille du prêtre doit venger un sang il ne
peut pas le venger) ; les chefs de la Bannière (si le Village
ou la Bannière sollicite le serment juré d’un sage de la Bannière il vaut celui
de 12 choisis du peuple) ; Exemption
du service militaire (le messager et le forgeron, l’orphelin et le Fils
unique qui veille en chef sur sa famille est exempté du service militaire) ;
La femme aux yeux du Kanun (la femme
ne peut jamais jouir de la fonction du sage, ni de celle de témoin à charge ou
à décharge de quelqu’un ; son
serment juré ne sera en aucun cas sollicité ; elle n’a le droit ni
d’assister ni de parler devant une assemblée ; la femme ne jouit jamais ni
de l’héritage de ses parents biologiques ni de celui de son mari ; la
vengeance de sang ne tombe jamais sur une femme ; les vierges qui ont
décidé de vivre comme un homme ne seront pas distinguées des autres femmes mais
elles ont le droit de rester parmi les hommes sans droit de parole) ; La mort (la mort à la maison exempte
les membres de la famille du défunt pour tout engagement envers le village ou
la Bannière pour une durée d’une semaine. Après une semaine, ils doivent
répondre à toute obligation que ce soit envers le Village que ce soit envers la
Bannière même s’il s’agit de la Famille de Gjon MARKAJ (la famille étendue de
GJONMARKAJ était la seule qui avait le pouvoir de modifier les articles du
Kanun) ; Le Kanun n’autorise pas de causer de souffrance à ceux qui vivent avec
la souffrance de la mort d’un proche ; si quelqu’un meurt, des messages
s’envoient pour annoncer et faire part du décès ; la famille du défunt fait le deuil durant une année
entière etc.
Ce droit Coutumier survit de génération en génération grâce à la
vaillance de GJONMARKAJ
C’est bien la section VIII, IX, X et XI qui
constituaient l’essentiel de ce Droit Coutumier.
Ce droit Coutumier n’était pas seulement un
régulateur de la vie quotidienne entre Albanais, mais aussi celui qui les rendait
fiers, qui faisait en sorte que chacun soit le Maître chez-soi, que la vie d’un
pauvre coûte aussi chère que celle d’un noble, que le plus faible ait son mot à
dire, que l’honneur, la dignité et les vertus d’un homme ne soient pas
seulement symbole d’un riche et noble,
mais de n’importe qui sachant les défendre.
Bien que peu nombreux, ceux de la famille
étendue de Leke Dukagjini qui échappèrent aux turcs se refugièrent dans les
montagnes difficilement accessibles de Mirdita. La famille étendue princière de GJONMARKAJ fut celle qui durant
plus de 300 ans eut la primauté sur tous les clans, les bannières et les
fratries catholique de l’Albanie du Nord. Cette famille étendue dont le prince des Gjomarkaj était titré pacha de
génération en génération et la dignité princière était transmise dans sa
famille de mâle en mâle en vertu d’une convention avec le sultan, fut préposée à la sauvegarde fanatique des traditions du Code du
Droit Coutumier de Leke Dukagjini. Les Gjormarkaj étaient reconnus comme chefs
des Mirditors par les grands pachaliks albanais d’Ioannina et de Shkodra. La
France, l’Autriche-Hongrie et le Saint-Siège qui s’érigeaient en protecteurs
des Mirditors avaient reconnu la dignité princière aux Gjomarkaj. Cette famille
de dignité princière était la seule qui pouvait modifier ou proposer la modification
des normes du Droit Coutumier de Leke Dukagjini. C’était cette famille qui
réunissait les Albanais du Nord et qui veillait à ce que ce Code Coutumier soit
respecté. Ce Droit Coutumier fit en sorte que les Albanais du Nord gravent bien
dans leurs têtes des mots qui dirigeaient leur vie. Dignité, honneur, hospitalité, vertus, sang, mots qui définissent
l’homme digne de sa descendance.
Être digne de sa descendance.
Le sang et
l’honneur sont les deux grands symboles de la vie humaine que, selon le droit
Coutumier de Leke Dukagjini, chaque Clan, chaque famille et tout individu doit défendre
contre les blessures de l’âme et du corps. L’offense, qu’elle soit mortelle ou
non, appelle une contre offense de la part des parents et des proches, qui
partage la vie de l’offensé. Réaction essentielle de défense et de lutte contre
les frustrations, humiliations et meurtrissures de l’existence. La vengeance
lie étroitement le monde des vivants à celui des morts. L’âme du mort ne trouve
pas de repos jusqu’à ce qu’il soit vengé. Oublier ce qui c’est passé ou se
venger de la vie en se donnant la mort ou se laisser mourir d’inanition veut
dire s’offenser davantage.
Le sang et l’honneur,
signe et symbole hérités d’une génération à l’autre, transmis en ligne
paternelle ou maternelle, confère au Clan,
à la famille, son unité et son identité. Partageant le même sang, les membres
de la lignée appartiennent à une même chair et à un même esprit. Le sang à des valeurs
sacrées et ce n’est qu’on préservant ces valeurs que les vivants honoreraient
les morts. Selon le Code Coutumier de Leke Dukagjini l’honneur et la dignité de
tous constitue l’honneur et la dignité de chacun. Tandis que le déshonneur d’un
des membres d’une famille, ou d’un Clan est le déshonneur de tous.
Le lien
sacral du sang fonde l’interdiction du meurtre dans la famille ou Clan et
l’obligation est faite aux parents et aux proches de venger le mort. Face à un
mal subi le Clan ou la famille forme un seul Corps et souffre tout entier quand
l’un de ses membres souffre. La vengeance est efficace si elle est juste et frappe le véritable responsable,
mais pour toucher plus profondément l’adversaire elle frappe le meilleur
individu de son Clan ou de sa Famille. Elle est un devoir sacré pour celui qui
veut être digne de sa descendance et de bonne foi, mais un processus dangereux
pour celui qui ne l’est pas. Quand
l’offensé s’estime injustement et fort outragé et qu’il n’est pas en état de se
venger, il ne lui reste que de retourner contre soi le bras qu’il n’a pu armer
contre son offenseur, de maudire en mourant celui qui le condamne à mort ou
celui qui l’a déshonoré pour toujours. Mais si
l’offenseur a frappé injustement et sans raison et que l’offensé ne peut pas se
venger, selon le droit coutumier de Leke Dukagjini, c’est le village ou la
bannière qui le venge. L’offensé, vengé par le Village ou la Bannière, ne sera
jamais considéré comme un homme digne de fierté et d’honneur, mais il ne sera
jamais piétiné par les plus forts malintentionnés. Le cri de vengeance du sang
versé était une sommation inévitable liant les hommes de son Clan ou de sa
famille à l’œuvre de sang.
La vie d’un
homme, qu’il soit noble ou non, qu’il soit jeune ou vieux, n’a pas de prix quand
l’honneur est blessé. L’honneur d’un homme n’existe que par les regards des
autres et lorsque sa voix est écoutée. Tous, sans distinction de couche sociale,
partagent un même code d’honneur qui impose
respect et soumission. Ils savent
bien que l’offense exige vengeance qui peut tourner en vendetta et que
la vendetta peut aller au-delà du premier sang versé.
Le Kanun est imposé par une communauté qui
soude une volonté sacrée ; il intervient quand cette communauté impose les
règles de sa loi à l’individu déviant
et, dans la rigueur de la punition, le tue, le réintègre à la communauté qu’il
avait défiée ou le banni à jamais. La vengeance retournant en Vendetta devint non
seulement affaire d’individus mais aussi affaire de la famille, du Clan voire
parfois de la Bannière. Elle surgit, en effet, lorsqu’un individu a été offensé
ou tué par un autre personne d’une autre tribu et qui a porté atteinte à
l’honneur de la victime ; une vie individuelle a été prise, dans le crime,
et il arrivera au criminel absolument ce qu’il a fait subir ; la vie qu’il
a supprimé est donc en fait la sienne, qui se retourne contre lui par l’action
du vengeur. Elle peut être affaire d’une minute, d’un jour, d’un an, d’une vie
entière, mais elle ne sera jamais oubliée. La vengeance est un plat qui se
mange froid. Ce n’est que lorsqu’on se venge au moins à l’égal de l’offense
qu’elle se considère efficace. L’homme
qui ne parvient pas à venger de manière efficace le mal subit n’est pas digne
de sa descendance.
L’ennemie, l’adversaire, le criminel et le Kanun de Leke Dukagjini
On distingue trois cercles de vengeance
(conflits meurtriers).
Dans le premier, celui de l’hostilité, à
l’extérieur, on affronte un ennemi, à qui l’on fait ou l’on devra faire la
guerre et qu’il s’agit de vaincre. Les sages du Village, de la bannière, du
pays se réunissent et prennent les décisions nécessaires prévues par le
Kanun (recrutement des soldats, l’organisation, le commandement etc.). Selon le
Code du droit Coutumier les hommes de
chaque famille doivent être prêts, car c’est l’honneur et la dignité du pays
qui est en jeu ; dans le deuxième médian, on est confronté à un adversaire
vis-à-vis duquel il faut se protéger et préserver sa propre identité
individuelle, son honneur, sa dignité familiale ou collective. S’il a des intentions
malveillantes et néfastes, il faut lui faire comprendre qu’on ne se laissera
pas faire et que l’on est aussi fort ou voire plus fort que lui ; dans le
troisième, celui de pénalité, on a affaire à un criminel qui a transgressé la
loi du Kanun. Si un meurtre a été commis lors d’une vendetta « la reprise
du sang » devient inévitablement une violence mortelle pouvant conduire à
l’effacement et l’élimination de l’autre ou de sa famille et parfois continuer
de génération en génération. Le Code du Droit Coutumier de Leke Dukagjini vise
à restaurer le face-à-face entre adversaires et à rééquilibrer les forces en
présence et à renouer le lien social entre les groupes de l’agresseur et de la
victime à condition que l’honneur et la dignité des deux parties ne soit pas
atteintes.
Dans une
société sans pouvoir central, sans justice d’Etat, où l’envahisseur avait
semé la discorde, le Code du Droit
Coutumier de Leke Dukagjini prend le relais et étend l’interdit de vengeance ou
de vendetta entre familles et entre Clans. La vengeance entre individus et entre
groupes n’est plus, dès lors, seulement une affaire privée mais aussi une
affaire publique contrôlée par ce Droit Coutumier.
Contre offense efficace ! Ce n’est que lorsque l’honneur et
l’hospitalité restent intacts et qu’on se venge au moins à l’égal de l’offense.
Le système de
vengeance ne vise pas seulement à rééquilibrer les forces entre adversaires en
rendant le mal subi, ou en réparant le mal commis. Le droit Coutumier impose à
tous le respect. Celui qui va à l’encontre de ce Droit Coutumier n’a pas
seulement affaire avec son adversaire, mais avec tout le clan ou le village. Le
plus fort connait alors l’existence du plus faible et le plus faible sait qu’il
n’est pas seul et que sans raison personne n’a le droit de lui faire du mal. Pour
qu’il y ait vengeance, ce n’est pas une condition que l’offense soit considérée
comme initiale ou comme un prêté rendu. La vengeance devient un devoir
impératif visant à protéger une famille, un Clan, un Village, une Bannière contre
toute atteinte à sa vie et à son honneur. Le parent du mort, le frère ou le
fils, est investi d’une mission sacrale qui l’isole du reste de ses proches, du
village, de la région tant qu’il n’a pas pu l’accomplir. Les
règles de l’honneur et d’hospitalité, selon le Droit Coutumier de Leke Dukagjin
sont à ce point exigeantes, que l’on pouvait faire remise du sang de son père,
de son frère ou de son enfant, mais pas à celui d’un hôte. L’invité ou l’hôte
de passage était l’ambassadeur de l’hospitalité de la famille accueillante. L’honneur
et la dignité d’un homme, de sa famille, de son Clan ne demeurent intacts que
lorsqu’on se venge, au moins, à l’égale de l’offense.
La vengeance (« la reprise du sang », ce n’est pas seulement
une affaire personnelle mais elle est aussi une affaire de famille, de Clan, de
Village…
En Albanie, la vengeance n’est pas seulement une
affaire personnelle, elle concerne aussi la famille, le groupe de consanguins,
la famille étendue ou le Clan, conçu comme un tout. Certes, c’est tout
naturellement à l’offensé qu’il revient d’abord de mettre en œuvre la
vengeance, ou en cas de meurtre « la reprise du sang », au plus
proche parent de la victime. Indépendamment de cela tout individu mâle et
adulte de la famille, de la famille étendue, du Clan peut le faire, car tous
les membres de la famille ou du groupe offensé sont solidaires dans l’offense
comme dans la vengeance ou dans la vendetta. La vengeance du sang n’est
accomplie que lorsqu’un membre de la famille offensée tue le meurtrier ou un
membre de la famille offenseuse. La vengeance n’est pas seulement un droit,
mais un devoir, et l’on doit se venger, même si l’on n’en éprouve pas le désir.
La vendetta « la reprise du sang », c’est celle qui démontre au meurtrier
ou à sa famille que tuer signifie être tué. C’est la meilleure manière
d’effacer la honte et le déshonneur et de faire comprendre à tous que le
meurtrier n’échappera pas à la vengeance mortelle. La vengeance opère comme
réparation du désordre provoqué par l’offense. Ce n’est que lorsque l’offensé
se venge à l’égale de l’offense qu’il se sent satisfait ; elle réinsère la
famille, la famille étendue ou le Clan dans les relations d’échange social, et
en particulier d’échange matrimonial et d’amitié, dont l’offense les avait exclu.
Elle apaise aussi l’esprit du mort, qui persécute la famille du vengeur, la
famille étendue, le Clan tant que
ceux-ci ne l’ont pas vengé. La Politique de vengeance et de vendetta, en vertu
du Code du Droit Coutumier, assure une fonction dissuasive à l’égard
d’éventuels agresseurs, car elle les incite à éviter l’offense ou le meurtre producteur
de réaction et de « reprise du sang ». En
outre, que la vengeance consiste à porter des coups ou à prendre des vies à tour de rôle, met l’agresseur en position
d’attendre la réaction ; de sorte que l’affront se comprend comme un défi
fait à l’offensé ou à sa famille de prendre la vie de l’agresseur (ou de qqn de
sa famille) ; cette position sacrificielle obligée exerce elle aussi un
effet dissuasif sur la famille de l’offenseur et de son Clan. Le Code du Droit
Coutumier, en cas d’un conflit ouvert ou permanent, suite à une offense ou un
meurtre commis ne vise pas à inciter la vengeance ou « la reprise du
sang ». D’autres démarches peuvent mener à éviter la vengeance ou la
vendetta, ou à interrompre son cycle. Le
conseil des sages s’informe sur l’offense ou le meurtre pour donner raison ou
tort à l’offenseur ou au meurtrier. S’il ne s’agit par d’une offense grave ou
d’un meurtre intentionnel, des médiateurs de réconciliation, acceptés par les
deux parties, peuvent intervenir pour trouver une solution ; paiement de
l’offense, paiement du prix du sang, mariage entre les deux familles ou Clans
antagonistes etc. Si le meurtrier a commis volontairement le meurtre, ce n’est
pas seulement une affaire personnelle, mais aussi une affaire de famille, de
famille étendue, de Clan ou de village.
Sur quoi se fond l’honneur, la dignité, l’hospitalité d’un
Albanais ?
L’honneur, la dignité et l’hospitalité de
l’Albanais se fond sur le sang, source de force, de courage et de fierté. Être homme
d’honneur signifie être capable de se défendre et de défendre sa famille et son
Clan. Mais un homme d’honneur ne doit pas seulement se défendre, il doit aussi
défendre l’autre du malintentionné, le faible de celui qui abuse de sa
faiblesse, le bien du mal. En particulier, un homme doit protéger les femmes
qui dépendent de lui (mère, sœur, fille, épouse, nièce) de toute atteinte, par-dessus
tout d’ordre sexuel, qui viendrait les souiller. Dans cet angle de vue, le
mariage s’étend comme échange de sang. Et cela honore ou déshonore (selon le
cas) non seulement la famille de la mariée mais aussi sa famille étendue et son
Clan. Toute atteinte verbale ou physique féminise l’homme et sa famille. La
position féminine est celle de la honte, d’indignité, de déshonneur, de
retrait, qui met à l’abri des offenses. Cette famille ne sera plus considérée
comme une famille d’hommes mais de femmelettes (Homme dépourvu de force de caractère et d'énergie morale). La femme est dépositaire
de l’honneur de son lignage, puis de celui de son mari à travers les enfants
qu’elle lui donne, de la famille étendue de son mari à travers sa conduite, mais elle ne dispose pas de
l’honneur, elle ne peut pas se venger. Mais la souillure qu’une femme subit de
force est effaçable si l’homme jurant à la défendre se venge en tuant
l’auteur de l’offense. La souillure qu’une femme subit volontairement n’est effaçable
que si on la brûle vivante ou si on tue les protagonistes de la souillure
(amant et maitresse). La femme souillée de force et sans gré (femme de l’homme
qui n’a pas pu la défendre ou venger son honneur), n’y perd pas sa honte, ne sera
pas du tout considérée comme libertine et elle gardera la face sans rougir. C’est l’homme
qui n’a pas pu la défendre qui y perd son honneur et qu’il devient une
femmelette. La femme souillée de sa propre volonté, conjointe de celui qui se soumet à ce destin, déshonore en même
temps non seulement les hommes de la maison censés la protéger (beau-père, beau-frère,
fils) mais aussi les hommes de la famille étendue et du Clan. La honte et le fait
de n’exister que par les regards des autres chez la femme est le sentiment qui l’incite
à se protéger, tandis que la honte et la peur de ne plus exister et être écouté
chez l’homme est le sentiment qui accable celui qui n’a pas été capable de
protéger. L’interdiction d’accepter la honte, synonyme de soumission d’un homme
à un autre homme, d’une famille à une autre famille, d’une famille étendue à
une autre famille étendue, d’un Clan à un autre Clan surgit dans l’esprit de
l’offensé comme moteur de la vengeance ou de la Vendetta et permet de la dépasser en affirmant la force
virile du sang du vengeur. En ne retenant que l'essentiel, le système se soutient de
l’exclusion de deux figures sociales qui s’impliquent réciproquement ; la
femme souillée implique un homme déshonoré et l’homme déshonoré implique qu’on
peut souiller sa femme (sa mère, ses sœurs et ses filles, ses belles sœurs et
ses nièces). La vaillance des hommes d’une famille n’a pas de sens sans l’honnêteté
de ses femmes.
La Vengeance. Comparaisons et particularités de vengeance ou de Vendetta
« reprise du sang » dictées
par le Code du Droit Coutumier de Leke Dukagjini
La vengeance ou la vendetta peut se réaliser
de façon rapide ou sans hâte. La colère, sous la forme instantanée de « légitime
défense », est alors le mobile de la riposte. Selon le Droit Coutumier, la Colère sous la forme instantanée de
« atteinte à l’honneur et à la dignité » est le mobile de la
vengeance. Souvent, dans ces cas d’une extrême rapidité, l’appel à la
vengeance se manifeste d’abord par un cri destiné à rassembler les
protagonistes. « Tuez tous » ! Les protagonistes sont rarement
plus de quatre ou de cinq et la vengeance se déroule souvent de jour ou à la
tombée de la nuit, de préférence dans la rue et en public. Selon le Droit Coutumier l’offensé ou la famille de la victime se venge
sans faire de bruit (sans dire comment et quand ils vont se venger). S’il ne
parvient pas à se venger de façon rapide (l’offenseur ou le meurtrier se
cache) l’appel à la vengeance se fait
savoir que par un émissaire chargé de mettre au courant la famille de
l’offenseur ou du meurtrier sur les intentions de l’offensé ou de la famille de
la victime. Il s’agit bien d’un démenti, comme le laisse présager l’échange
d’injures qui précède l’acte mortel et qui constitue une sorte de défi lancé à
l’adversaire. Rien n’indique cependant que la riposte à ce conflit ponctuel ne
corresponde pas à des antagonismes profonds, liés à des terres, à des mariages,
ou à l’exercice d’un métier. Il s’agit
bien d’un acte d’hommes dignes qui ne s’acharnent pas d’injures sur son
adversaire. Rien n’indique cependant que la riposte à ce conflit ponctuel, liée
à des terres, à des mariages, à des relations amoureuses extraconjugales ou à
l’exercice d’un métier, ne corresponde pas à un honneur et une dignité bafouée. En règle générale, les adversaires de ces conflits
ou vengeances de sang sont des égaux, recrutés dans le même métier et au même
degré de la hiérarchie de ce métier ; maître contre maître, valet contre
valet. Selon
le droit coutumier, il n’y a pas de degré de hiérarchie à respecter pour se
venger. L’offenseur, qu’il soit noble ou
pas, qu’il soit fort ou le plus fort, doit être puni. Même si l’offensé, n’est
pas en mesure de se venger, s’il a été offensé à tort, c’est la famille
étendue, le Clan ou le village qui le venge.
En revanche, la vengeance
de sang ou la vendetta préparée avec soin, réalisée à froid et d’aguets apensés
(Piège tendu pour y faire tomber quelqu’un que l’on veut tenir à sa merci.), se distingue de la précédente. Elle prend des allures de
complot et elle se mue par l’ire plus que par la colère. On attend l’adversaire
de nuit, éventuellement dans un bois, à l’abri des regards. On peut recruter
des tueurs à gages. La vengeance ou la vendetta préparée avec soin, réalisée à froid et
d’aguets apensés, résulte plus efficace. Dans ce cas-la, le vengeur ne vise
pas à tuer n’importe qui de la famille du meurtrier, il vise soit à tuer
l’auteur du meurtre soit le meilleurs des hommes de la famille du meurtrier.
L’offensé ou la famille de la victime, après avoir mis au courant la famille de
l’offenseur ou du meurtrier sur ses intentions, par l’intermédiaire d’un
émissaire, guette à tout moment l’homme à tuer, souvent loin des regards des
autres et surtout des enfants. Ce n’est qu’après s’être vengée que la famille
de la victime ressent de nouveau son existence. Le vengeur ne cache jamais son
identité. Le code tacite qui régit la
vengeance détermine aussi les conditions de sa fin. Une fois son acte accompli,
le vengeur s’enfuit et il est probable que sa parenté contribue largement à le
couvrir de façon à procéder à la réconciliation entre les parties. Parent et
amis qui étaient tenus d’accompagner l’acte vengeur sont cette foi tenus de
participer à sa résolution. La scène peut se terminer par un pardon de la part
des parents de la victime, à condition que l’auteur de l’homicide se
repente, et offre un dédommagement
matériel. Le Code du Droit Coutumier de Leke Dukagjini qui régit la vengeance et
la vendetta détermine aussi les conditions de sa fin. Une fois l’acte accompli le vengeur se ferme à la maison. Les sages du
village décident alors d’intervenir pour mettre fin à ce conflit. Si les
parties en conflit n’entendent pas raison, c’est aux sages du village d’imposer
des conditions. Ces conditions doivent être respectées, Sinon, celui qui ne les
respecte pas (qui tue à nouveau quelqu’un de la famille adversaire) sera puni
par le village (tué et sa famille expulsée à jamais du village).
Peut-on se laisser faire ?
Que serait l’honneur, la dignité, la valeur de l’être si on se laisse
faire ?
Le mal, l’offense, le déshonneur, le meurtre
d’un des leurs, les victimes et leurs
familiers (cas de meurtre) le vivent comme une punition injuste –
« pourquoi sur moi » ? « pourquoi sur lui ou
elle » ? « pourquoi nous » ? « que-est-ce qu’on a
fait pour subir ça » ? -, un malheur
aux effets dévastateurs ayant comme le seul remède la vengeance.
Les victimes, leurs familles mais aussi leurs
familles étendues traversent un état de bouleversement psychique,
physiologique, et émotionnel. Ils sont atteints comme « sujet de droit » ;
ils sont frappés dans leurs droits personnels et familiaux – celui de vivre
dans la paix méritée (sans causer du mal
à personne), de jouir de la vie ordinaire (sans déranger la vie
de l’autre), de posséder (sans jamais envier les biens de l’autre) ; Ils
sont atteints aussi comme « sujets moraux » ; ils sont touchés
dans leur système de valeurs et de dignité, de normes, de conduites, dans leurs
fiertés. Ils se sentent humiliés, déshonorés. Les
victimes, les familles des victimes, sont souillées par le mal des agresseurs,
des offenseurs ou des meurtriers. Elles vivent un « entre deux mondes » ;
elles ne sont pas aux côtés des morts tant qu’il y a de l’espoir à se venger,
mais elles ne sont plus aux côté des vivants tant qu’elles ne se seront pas vengées
; elles vivent rabaissées dans l’ordre de l’humanité. Celles qui n’ont pas le
courage d’affronter personnellement le mal ou l’offense déposent plainte contre
X ou Y et leur plainte est classée ou bien elle traine devant les juges ou les
sages. Pire encore, même s’il y a un jugement, la peine est bien inférieure au
mal subit par la victime. Le sentiment de devoir faire justice soi-même se fait
plus aigu, victimes et familiers ne font alors que dire et redire ;
« il ne faut pas se laisser faire car cela rend l’offenseur encore plus
fort». On ne doit pas baisser les bras car même le plus faible nous prend pour
des lâches ». Atteintes à l’honneur et à la dignité, agités par la colère,
envahis par la haine et par la peur des regards des autres, elles crient
« vengeance », comme la seule voie consolante. « Je vais le surprendre,
le frapper, le laisser pour mort. Il verra de quoi je suis capable et qui sera
le soumis et l’humilié cette fois ». Pour les victimes et leurs familiers, bien
que la volonté de rendre la pareille aux offenseurs soit au premier plan de
leur désir de vengeance, la vengeance envisagée vise surtout à remédier
l’honneur et à la dignité bafouée.
« Si on se laisse faire, l’offenseur reviendra ou bien d’autres
vont venir sachant bien qu’on se laisse faire ! »
Dans les heures qui suivent l’offense, les
victimes et leurs familiers, ou leurs familiers (en cas de meurtre) se
mobilisent pour réagir contre l’offenseur ou le meurtrier. Personne ne sait s’il
va se manifester à nouveau ou s’il se cache de peur de vengeance. Comme
réaction première chacun fait comme s’il allait revenir et se met en action
pour se protéger.
Dans cette entreprise de protection, les
familiers se montrent souvent plus actifs et attentifs que les offensés
eux-mêmes, encore sous le choc ou désireux de se venger le jour même.
La contre-attaque ou la vengeance est une
affaire masculine ; les hommes estiment devoir protéger « les plus
faibles », leurs enfants, leurs épouses, leurs mères, leurs sœurs etc.
Si on se laisse faire cette fois-ci ? Qui
sait, si l’offenseur s’arrêtera-là ? Qui peut croire que l’offenseur ne
reviendra plus étant encore plus malintentionné ? Et les autres ! Ceux qui savent qu’on se
laisse faire, ne seront-ils pas encouragés de ce fait de nous faire du
mal, de souiller nos femmes, de nous souiller tous ? Que serait mon honneur, ma
dignité ? Qui prêtera l’oreille à mes paroles ? Qui épousera mes
filles, mes garçons ? Ne serai-je devenu un être sans existence, un être
qui n’est pas digne de son être ? – sont des questions que la victime, sa
famille se posent sans cesse. Il y a qu’une seule réponse, se venger et montrer
aux autres que de gré ou de force on ne se laisse jamais faire.
L’honneur de la Nation est l’honneur de tous et l’honneur de chacun fait
l’honneur de la nation.
Bien que le Code Du droit Coutumier de Leke
Dukagjini soit respecté rigoureusement surtout par les Albanais du Nord et ceux
du Kosovo, beaucoup de familles vivaient enfermées, condamnées souvent depuis
des générations. L’envahisseur, en profitant tant des discordes qu’il avait
semé intentionnellement partout au pays que des conflits de vendetta entre Albanais
régnant depuis des siècles, était parvenu à maintenir le peuple sous son
oppression. Les albanais du Nord et ceux du Kosovo avaient compris que la seule
manière de faire face à l’envahisseur c’était de cesser ces actes de vengeance
de sangs, de rester unis et de combattre du même front.
Les albanais en avaient donné la preuve et cela à deux
reprises. Pour la première foi, avant la première guerre mondiale, les Albanais
sont parvenus, par l’intermédiaire des chefs des tribus et des bannières, à
avoir une réconciliation à grande échelle qui permit aux Albanais de mettre fin
aux querelles et aux conflits de vendetta et de s’engager unis dans la lutte
pour l’indépendance qui aboutit à la création en 1913 d’un État albanais.
Après la
deuxième guerre mondiale, Enver Hoxha restaura un système qui ne laissa aucune
chance aux Albanais d’Albanie d’appliquer la loi de vengeance de sang. Il se
montra impitoyable à l’égard du meurtrier. Si quelqu’un commettait un meurtre, le régime d’Enver Hoxha n’hésitait
même pas une seconde à tuer ou pendre en lieu public le meurtrier. Sa vengeance
allait encore plus loin. Non seulement le meurtrier n’avait aucune chance de
vivre mais sa famille soufrait par la suite le martyr. Bien que le système
Communiste soit le pire qu’ait connu l’Albanie, il mit fin à la vendetta
démontrant qu’il existe toujours des solutions pour remédier à ce mal.
Au Kosovo, la
situation n’était pas pareille. Le
peuple Kosovar avait un envahisseur qui avait mis tout en œuvre pour qu’ils vivent
comme des êtres sans prétentions. Le pouvoir serbe avait semé la discorde entre
Albanais, en favorisant jusqu’à un certain point quelques-uns et les mettre
contre les autres. À part cela, vu que la majorité des Albanais du Kosovo était
encore régie par le Code du Droit Coutumier de Leke Dukagjini, de nombreuses
familles vivaient en conflit de vendetta l’une avec l’autre. Des milliers de personnes
étaient contraintes de rester enfermées à domicile de peur de vendetta. Ces
gens-là étaient devenus prisonniers dans leurs maisons et ne pouvaient sortir
de peur de se faire tuer par les familiers ou les proches des victimes. Les
forces progressistes albanaises du
Kosovo avaient compris que sans remédier à ce mal qui divisait et affaiblissait
la Société albanaise, elles ne pouvaient pas espérer combattre l’envahisseur
(les serbes).
C’était les
années 1988-1990 (pour la deuxième fois). La Yougoslavie de l’époque vivait une
période de dégradation. Étudiants, intellectuels, travailleurs Kosovars parvinrent
à réunir une grande partie de la population dans la marche du novembre 1988. Ils
se rendirent compte que c’était le temps d’une réconciliation nationale (au
Kosovo), c’est-à-dire de mettre fin à la vendetta conformément au Code du droit
Coutumier de Leke Dukagjini. L’honneur et le destin de la nation exige la
contribution de tous, en cessant catégoriquement les conflits de vendetta,
jusqu’à la victoire. Anton Çeta, ce sage homme très respectueux des Kosovar,
accompagné des centaines de jeunes et intellectuels frappèrent sur toutes les
portes où la vie ne suivait pas le fil du temps. Pratiquement Anton Çeta et ses
équipes d’émissaires permirent aux familles Kosovares de se réconcilier
(réconciliation du sang), de faire cesser la vendetta et de se pardonner, sans
violer pour autant le Code d’honneur du Droit Coutumier de Leke Dukagjini, ni
la parole donnée, ni l’honneur des familles des victimes de vendetta. Quand deux
familles donnaient leur accord de mettre un terme au conflit de vendetta, la
deuxième phase était de rendre cela public. C'était la réconciliation
officielle qui se déroulait devant des témoins. De part et d'autre venait un
représentant de chaque famille, ils se donnaient la main, et l'un d'eux,
victime d'un meurtre, d'une blessure ou offense ayant portée atteinte à
l’honneur, déclarait à voix haute devant les autres : "Je pardonne le sang
de mon père, de mon frère, de mon oncle, de mon fils etc, au peuple, à la
jeunesse et au drapeau Albanais. Ainsi, publiquement, devant témoins, l'honneur
et la dignité des familles était sauf et la vendetta terminée. Il ne s'agissait
pas, comme par le passé, d'une trêve temporaire, mais d'un arrêt définitif de
la vendetta pour les Albanais du Kosovo.
Ils parvinrent à réaliser la Grande
Réconciliation. Cette réconciliation aida considérablement à unir le peuple
Kosovar pour pouvoir finalement penser à son destin, à son avenir et se mettre
en action pour sa liberté.
La vengeance des temps modernes et le Droit Coutumier de Leke Dukagjini
Après la
Chute du régime d’Enver Hoxha, le Code du Droit Coutumier de Leke
Dukagjini renait de ses cendres et prend un autre visage. Les
règles et traditions de ce Droit Coutumier ont bien changé. Les gens se
mettent, à nouveau, à parler Kanun, vengeance, vendetta, honneur, dignité,
hospitalité mais sans respecter du tout les règles. On parle du Kanun pour
justifier des actes de vengeance allant bien au-delà de la vengeance traditionnelle.
Enfants de moins de 16 ans, femmes exclues traditionnellement des conflits,
vieillards sont devenus cibles de vengeance, de vendetta. Recourir à un tueur à
gage non seulement qui fait l’affaire, mais permet au commanditaire du meurtre
de rester loin des soupçons et de continuer normalement sa vie. Le
commanditaire atteint son but et élimine le risque pour lui et sa famille, sans
qu’il soit inquiété ni par la justice ni par la famille de la Victime.
La propriété
est au cœur de nombreux conflits de vengeances ou de vendettas, survenant de la
privatisation des terres, après l’effondrement
du régime communiste. La loi 7501 « sur la propriété des
terres » a influencé considérablement les conflits de vengeance et de
vendetta, surtout au nord de l’Albanie.
Les meurtres
liés à la prostitution sont traités comme cas de « règlement de
compte » entre adversaires ou groupes rivaux. Des milliers de filles
albanaises ont fini, principalement contraintes, dans les bordels de la Grèce, sur les
trottoirs de l’Italie, de la France, de la Belgique, de la Hollande etc., dans
les Vitrines en Belgique, en Hollande etc. Bien plus nombreuses sont les familles albanaises qui, en
déplorant le destin de leurs filles qui avaient finit sur les trottoirs, dans
les bordels ou les vitrines de la prostitution, n’osent pas porter plainte à la
police de peur de rendre public leur déshonneur. Elles attendent l’occasion de
rétablir l’ordre des choses, de se venger contre ceux qui ont piétiné la vie de
leurs filles, qui ont bafoué leur honneur, contre ceux qui ont construit leur
avenir sur le malheur de leurs filles. Même la mort de ceux qui ont construit
leurs vie en abusant de la vie des autres (des filles forcées à se prostituer),
n’apaisait pas les souffrances des offensés et ne remédiait pas aux déshonneurs
ni des filles prostituées, ni de leurs familles ensevelies de leurs
vivant. Qu’est la vie d’un homme qui a
gagné sa vie en forçant des filles à se prostituer par rapport à l’honneur, à
la dignité de la fille et des familles malheureuses qui les ont mises au
monde ?
Rivalité de
commerces, de trafic de drogues, d’armes et de toute forme d’intérêts demeurent
aussi comme sujets de conflits de vengeance ou de vendetta.
Rivalités
politiques, liées aux intérêts propres des politiciens, de leurs proches et
complices qui suppriment n’importe qui se mettant à travers leur route ou qui
tâche de les en empêcher. Pour dominer l’adversaire et l’obliger à se retirer
de la scène politique, que ce soit sur
un village, que ce soit sur une région, que ce soit à l’échelle nationale, les
homme forts et vêtus de pouvoir mettent en œuvre la force, le recours à la
vengeance. Leur objectif est clair ; éliminer l’adversaire, alimenter les
motivations de la vengeance au nom de la justice et de l’honneur, pour
permettre à dominer et rester longtemps au pouvoir.
Justice
injuste qui laisse se promener librement des centaines de coupables, qui
condamne à des peines ridicules ceux qui méritent de passer le reste de leur
vie derrière les barreaux. Qui libère sans purger ni le tiers de la peine ceux
qui ont commis des meurtres intentionnellement, ceux qui ont forcé des filles à
se prostituer à travers l’Europe, celui qui prend la vie de l’autre histoire de
ne pas lui avoir laissé la priorité de passage en voiture.
Ces gens qui
crient justice et qui ne vivent encore que par les regards des autres décident
alors de faire justice eux-mêmes.
De nos jours,
il n’y a plus de sages (les justiciers du Kanun) et le Code Coutumier n’a plus
qu’un justicier. Ce justicier c’est l’offensé ou la famille de la victime elle-même.
Plus l’Etat est faible, plus le Kanun est fort.
Dans un Etat
soi-disant de droit, qui n’est pas en mesure de défendre les victimes de la
vendetta, dans un Etat où les membres de la société ont des liens forts entre
eux, dans un Etat où les autorités policières ne peuvent pas respecter la loi
et arrêter les coupables de peur de s’engager dans des conflits de vendetta,
l’Etat n’a pas lieu d’être, il ne peut pas imposer ses lois, il ne peut pas
punir les meurtriers, les braqueurs, les voleurs, les violeurs. C’est au Kanun
alors de prendre le relais, d’imposer ses lois et de faire justice.
Le Code du Droit Coutumier de Leke Dukagjini n’est pas un cas unique,
mais jusqu’à quand peut-il être d’application ?
Suite aux changements politiques en Albanie
renaquirent de nombreux conflits qui se réglèrent en dehors des structures de
l’Etat. L’Etat non seulement ne fut pas capable de résoudre ces conflits, mais
au contraire, avec sa politique d’une démocratie sans limite et de traînement
de décisions impérieuses généra de nouveaux conflits et rivalités qui se
réglèrent de façon assez violente. Face à une telle situation le Kanun se
révéla un moyen très pratique, pour remédier aux faiblesses et aux incapacités
du pouvoir, surtout celui exécutif et judiciaire, qui s’était transformé en
application de la loi du plus fort.
Confronté à
la vendetta, les tentatives de solutions se référent soit à une logique individuelle
ou clanique soit à celle d’un Etat de droit.
Même après
une vingtaine d’année de la chute du régime Communiste, l’Etat de Droit laisse
beaucoup à désirer. L’un des facteurs principaux qui a réanimé la vendetta
c’est le disfonctionnement de la justice albanaise. Si la justice ne condamne
pas l’auteur du crime à l’égal du Crime commis c’est aux familiers des victimes
de faire justice. Tant que la justice ne fera pas cela (que le crime soit
condamné à l’égal du mal subi) … le crime ne sera pas considéré comme puni.
Mais, les
Albanais ne sont pas les seuls à faire justice eux-mêmes.
Même les pays
qui se considèrent comme porte-drapeaux de la démocratie savent bien ce qu’est la
vengeance, car ils n’hésitent même pas un seul instant de se venger si
quelqu’un les offense ou porte atteinte à leurs intérêts. Il y en a qui vont
encore plus loin, qui se vengent contre ceux qui n’acceptent pas d’être
déshonorés et soumis, contre ceux qui ne se soumettent pas à leur volonté à
partager ou a donner, sans aucune raison apparente, leurs biens. La violence
meurtrière, accompagnant l’homme depuis son origine, démontre clairement et
mieux que quoi que ce soit la nature humaine. Les guerres successives qu’à connu
l’humanité illustrent très bien cette nature humaine. La vengeance, qu’elle soit individuelle ou
collective se justifie comme riposte à un mal subit. Même récemment, les Etats-Unis d’Amérique,
les pays de l’OTAN et bien d’autres entreprennent des incursions meurtrières
contre certains pays. Ces pays ne ripostent pas en réponse au mal subi, mais en
réponse à non approbation de se laisser faire et conduire selon leurs propres
intérêts (les intérêts des puissances du monde).
Le droit
Coutumier de Leke Dukagjini ne sera plus d’application qu’à partir du moment où
la justice albanaise condamnera, sans distinction de race, de confession
religieuse, de hiérarchie politique ou sociale, l’auteur du crime (de
l’offense, violence etc.), à l’égal du mal qu’il a commis.
NDUE BELESHI
TRADUCTEUR JURÉ
TRIBUNAL DE PREMIÈRE
INSTANCE
BRUXELLES
INGÉNIEUR GÉOMÈTRE
AUTEUR et traducteur
(éditions Parisiennes, Belges, Albanaises)
Article écrit en
COLLABORATION avec L'ASBL SIRÉAS
BRUXELLES 2011.